Mes 5 phrases cultes de pseudo-photographes

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Bon, je ne résiste pas à la tentation de vous livrer mon TOP 5 des phrases cultes de ceux et celles qui jouent au photographe.

Pour jouer au photographe, c’est simple : vous achetez (ou vous faites offrir) un appareil photo, vous évitez soigneusement d’apprendre quoique ce soit de technique et vous copiez/collez quelques citations de Cartier Bresson et Doisneau qui vous serviront de culture photographique.

Toutes ces phrases et ces contextes sont bien sur issus de témoignages que des modèles m’ont faits directement, c’est pas le truc de celui qui a vu celui qui a vu celui qui a vu l’ours.

 

Number one – « Non, mais là, c’est pas ma photo, c’est juste le projet que je souhaite réaliser »

Le contexte

La modèle se ballade sur un site, une page, un book, et whaouh ! Que des photos à couper le souffle. Et quand elle contacte le photographe, miracle ! Il veut bien bosser avec elle…

Elle tombe brutalement de son petit nuage rose quand sa meilleure amie lui retrouve l’origine des photos. Photos magiques car réalisés par de grands photographes

La où ca coince – 1

Tout devrait être clair à la première lecture, et toutes les photos devraient être créditées de leur véritable auteur.

Sinon ? Ben sinon, on appelle ça du plagiat.

Et si c’est mentionné quelque part ? Techniquement, ce n’est pas du plagiat, sauf qu’il faut m’expliquer pourquoi c’est indiqué en tout petit dans un coin…

La où ca coince – 2

Comment peut-on se persuader que l’on va faire du Pierre & Gilles avec un sac de bougies IKEA (2,70€ les cent) et un appareil photo d’entrée de gamme ?

 

Number two – « Non, mais la technique j’ai donné, tu comprends, moi, je préfère le feeling »

Le contexte

La modèle, qui a déjà vu un photographe faire des tests, des réglages, une balance des blancs, s’étonne que celui-ci démarre aussitôt le café fini par un mitraillage en règle. « Euh, elle commence, la séance ? Vous ne faites pas quelques réglages, avant ? »

La où ca coince – 1

Il est où le feeling, dans une photo surexposée, dans une photo floue, dans un cadrage à la con ?

La technique sert à maîtriser (ou essayer de maîtriser) les paramètres de base de son appareil photo et des sources de lumière. L’objectif est de sortir la photo ou l’ambiance que l’on désire.

Le feeling, c’est le choix du cadrage, des lumières, de la composition, des couleurs, tout ce qui donnera à une photo de qualité la touche de magie qui vous caractérise

La où ca coince – 2

L’attitude pincée du professionnel qu’une gourgandine ose remettre en question. Bon, on remet les choses à leur vraie place : c’est pas une gourgandine, c’est une modèle photo qui s’intéresse à ce qu’elle fait. Et lui, ben c’est pas un professionnel, c’est juste quelqu’un qui ne sait pas se servir de son appareil (entre autres).

 

Number three – « Non, mais je shoote beaucoup, parce que c’est mon style, tu comprends, j’ai besoin que ça aille vite »

Le contexte

Vite… Vite et longtemps, parce que la séance photo a viré au marathon. A environ 1 déclenchement toutes les 2 secondes, les 5 heures de shooting ont accouché de prés de 4000-5000 photos.

L’appareil photo fume, la modèle réalise qu’elle a fait en une séance autant de photos que dans sa vie entière…

La où ca coince – 1

A ce prix-là, l’appareil est en mode automatique, et le photographe aussi : modes manuels, tests, réglages, pause café, tout ça est passé aux oubliettes.

La où ca coince – 2

Comment on classe 5000 photos ? Combien de temps pour les trier ? Combien de temps pour les choisir ?

Et au final : est-ce qu’on aurait pas eu le même résultat avec 300 photos et un peu plus d’application ?

 

Number four – « Non, mais le décors et les éclairages sont pas top, je sais mais je retravaille tout sur Photoshop, tu comprends  »

Le contexte

Des bouts de tentures, des bouts de tapis, un drap taché et mal repassé, du scotch apparent… l’appartement HLM d’époque, béton, tapisserie décollée, fauteuil en simili-cuir bas de gamme qui dépassent par-ci, par-là…

Deux halogènes de jardin pour éclairer ce patchwork, et le sourire suffisant d’un photographe satisfait de son bricolage.

La où ca coince – 1

« Mais je n’hésite pas à passer 8 heures sur une photo s’il le faut ». 8 heures pour défroisser et détacher le drap, faire les raccords, modifier la lumière et, si on a le temps, retoucher un peu la modèle. 8 heures, pour récupérer au bout du compte une photo qui ressemble (vaguement) à quelque chose.

Au final, des jours de travail pour arriver à une évidence : photoshoper une photo bourrée de défauts, ca ne donne jamais qu’une photo moyenne trafiquée. Et ce, dans l’hypothèse où le gars est plus doué en retouche qu’en photo…

La où ca coince – 2

Laver et repasser un drap, ca prend combien de temps ? Vérifier que les raccords entre tentures sont bien couverts, ca prend combien de temps ? Bouger son cul de photographe pour que derrière la modèle, on ait le décors et pas l’évier de la cuisine qui déborde de vaisselle sale, ca prend combien de temps ?

 

Number five – « Non, mais mon matériel est en réparation, alors comme je tenais énormément à cette séance, j’ai pas voulu annuler, tu comprends »

Le contexte

Un book de photographe étrange, avec des photos très correctes, et d’autres très, mais vraiment très moyennes. Tout se passe bien jusqu’à ce que le photographe débarque sur la séance avec son appareil photo : un compact dernier cri métallisé fuchia. La modèle attend qu’il sorte son sac photo et déballe son réflex, mais non, le gars est bien décidé à faire le shooting avec son compact.

La où ca coince – 1

Annuler une séance parce que son appareil est en panne, je ne le souhaite à personne, mais ca arrive. Mais se pointer avec un compact, c’est quand même un sacré manque de respect pour la modèle.

La où ca coince – 2

Rha, mince, et si les photos correctes sur son book avaient été faites lors d’un stage où on lui a prêté du matériel (et même réglé son appareil à sa place) ? Et si son compact fuchia était son seul appareil ?

 

Ze conclusion

Ceux qui jouent au photographe ont souvent réponse à tout, et veulent absolument renvoyer l’image d’un photographe qui sait ce qu’il fait.

La où ça coince – 1

Réactions de certaines modèles qui tombent sur ces prétendus photographes «  Si c’est ça, le monde de la photo, je préfère arrêter de suite les frais». Que dire de plus ?

La où ça coince – 2

Ne pas savoir n’est pas une tare. On apprend, on réfléchit sur ses erreurs, on fait les sacrifices nécessaires et on progresse.

Avec la mauvaise foi et l’imposture, par contre, ne pas savoir devient un sacerdoce. Plus de défauts, d’approximations ou d’erreurs, mais des explications à la pelle.

La où ça passe – le final

Les filles, osez poser des questions, et osez contester les réponses qui vous sont faites, quand elles ne vous conviennent pas.

Les photographes sincères répondront sincèrement, ils ne se formaliseront pas de vos questions ou de vos doutes. C’est normal que vous vous intéressiez à leur travail, normal que vous ayez des doutes, normal que vous posiez des questions.

Ceux que ca vexera, qui monteront sur leurs grands chevaux ou qui vous sortiront l’explication de la mort qui tue, fuyez-les. Ils ne vous méritent pas.

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