Motor city…
Les voitures de collection ne se sont jamais autant affichées. Festivals, rassemblements mensuels, évènements ponctuels… Autour de nous, américaines, européennes et même japonaises d’avant les années 80 s’exposent en nombre de plus en plus grand chaque année.
Ci-dessous : quelques festivals avec belles bagnoles (et également partenaires du Studio Laguarda France)
Une excellente occasion pour sortir son appareil et de retrouver l’esprit des clichés qui nous ont fait rêver depuis le plus jeune âge.
Mais voilà. Famille, amis, vie professionnelle, on a toujours l’occasion de tirer des portraits et de mettre en scène des personnes. Les véhicules de collection ne font pas partie de notre quotidien, et en faire de photos nécessite un minimum d’apprentissage.
Pas de panique, Eric LaGuarda est là pour vous donner quelques tuyaux.
Les petites remarques à la con…
Un caléidoscope de modèles et de styles
Berline des années 50, muscle car US des années 60, sport car british, hot rod… Chaque voiture possède un style et une âme qui lui sont propres. Et donc une façon de la photographier que vous devrez redécouvrir à chaque fois.
Il n’y a pas que la taille qui compte, mais si un peu, quand même
Vous constaterez que les américaines, et surtout celles d’avant 1960, sont monumentales.
5m70 de long et un peu plus de 2m de large pour la Cadillac Eldorado des années 50, ca fait de chouettes manœuvres pour rentrer dans un garage. En comparaison, la Simca Chambord de l’époque faisait 4m75 de long et 1m77 de large.
Moralité : ca ne rentrera pas pareil dans votre superbe appareil photo si vous n’avez pas assez de recul.
1958 Cadillac Eldorado Biarritz Raindrop prototype. Photos by Darin Schnable, courtesy RM Sotheby’s.
Chromes et peintures, perfect or not perfect
Vous trouvez un superbe modèle (de voiture), faites de superbes photos et une fois à la maison, vous admirez vos photos sur votre superbe écran. Malédiction du rock’n’roll : les chromes sont sales ou piqués, les vitres idem, vous apercevez des raccords faits à la bombe sur la carrosserie. Alors bien sur, peut-être que le rusty/homemade correspond tout à fait au style du véhicule. Mais parfois… non pas du tout.
Il vous faudra alors attendre que le propriétaire investisse un peu, voire beaucoup. Selon les moyens de chacun, il faudra attendre parfois quelques années avant que le véhicule ne soit presque parfait. Soyez indulgent, les passions comme celle-là coûtent cher, parfois très cher.
Eh, c’est bien tout ça, Général LaGuarda, mais c’est quand que tu attaques ?
Allez, on claque bien les portières, tant pis pour les doigts, on est parti pour les conseils à la con !
1.- Faites le tour plusieurs fois
Face, dos et profil sont les angles de prise de vue les plus courants. Je ne veux pas dire qu’il faut les éviter, mais une carrosserie de voiture, c’est un ensemble de lignes, de courbes et d’angles qui en font son style.
Il va donc vous falloir tourner autour du véhicule, étudier la calandre avant, ses lignes de fuite, la calandre arrière, ses caractéristiques les plus remarquables… et même les défauts que vous devrez éviter (carrosserie abîmée, sellerie usée, autocollants…).
N’hésitez pas à en faire le tour plusieurs fois, il faut apprendre à l’aimer avant de le photographier…
La pratique et l’analyse de vos images feront que vous finirez par trouver directement les points forts des véhicules rencontrés.
2.- Payez de votre personne
Vous le constatez, les hauteurs de véhicules sont différentes d’une époque à l’autre, d’un style à l’autre.
Classic cars hauts sur roue, ou topchopés et rabaissés au maximum, pick-ups massifs ou sportcars trapus… Autant vous le dire de suite, oubliez complètement la photographie à hauteur d’homme (ou de femme) que font 90% des possesseurs d’appareils photo.
Comme vous êtes allés chercher les angles de prise de vue en tournant autour du véhicule , vous allez effectuer la même démarche en testant différentes hauteurs : par terre, à genou, penché, droit, en extension.
Ci-dessous : effet d’une hauteur de prise différente sur le rendu d’un véhicule
Là-aussi, vous découvrirez d’autres lignes, d’autres perspectives. Et la nécessité d’avoir des vêtements salissables et des genouillères…
3.- Débouchez-moi ces putains d’ombres
Un véhicule, c’est relativement simple, le soleil tape dessus, donc généralement, ca brille et ca renvoie de la lumière. Par opposition, du bas de caisse jusqu’au sol, on est dans l’ombre. Rien que de plus naturel, sauf qu’un soleil fort génère une ombre forte et coupe le véhicule en deux.
La solution facile, c’est la retouche photo, le masque ou le traitemnt à la con qui va sauver votre photo. Sauf que quand c’est trop clair d’un côté et beaucoup trop sombre de l’autre, on a un résultat moche.
La solution ? Un flash cobra, qui vous servira à déboucher les ombres et fera même briller du chrome là où il n’y avait pas de lumière. Surtout si vous aimez bien comme moi travailler à contre-jour…
C’est marrant comme on en voit peu sur les festivals, alors qu’il s’agit du B-A-BA de la photo…
4.- Allez à la chasse au détail
Beaucoup de véhicules possèdent des détails ou accessoires (d’origine ou non) qui font leur personnalité. Phare additionnel, levier de vitesse personnalisé, élément de calandre caractéristique, ornement de capot… Prenez l’habitude de les repérer. Complétez vos photos plein champ du véhicule par une petite série de détails, vous aurez un portrait complet de l’engin à moteur.
Astuce : quand vous le pouvez, soignez l’arrière plan. Cela mettra encore plus en valeur l’élément photographié.
5.- Effacez-moi cette putain de plaque minéralogique
Bon, ca, peu de gens le font, mais bon, je considère que cela fait partie du savoir-vivre. Même si l’on n’a pas besoin d’avoir l’autorisation du propriétaire d’un véhicule pour le prendre en photo sur un festival, lui demander la permission (quand on arrive à le trouver) et flouter ou modifier le numéro d’immatriculation me semblent la moindre des choses.
Je rappelle qu’il n’est pas compliqué en France de retrouver les coordonnées de quelqu’un et de son véhicule juste avec son numéro d’immatriculation.
La conclusion de la mort qui tue
Il faut maîtriser un certain nombre de paramètres avant de faire de belles photos de véhicules de collection.
Les réglages de son appareil et de son objectif, les angles de prises de vue, mais aussi l’environnement et les conditions météo… tout cela va concourir à la réussite de vos clichés.
Mais le plus important dans tout cela, c’est vous. Vous devez apprendre à aimer et à comprendre ces objets de métal, de plastique et de verre qui sont beaucoup plus que de simples véhicules. Entre eux et nous existent des liens en rapport à notre société, notre mode de vie, la culture moderne, nos références cinématographiques … Ces liens, c’est à vous de les matérialiser…
Pour cela, il vous faudra sortir de la routine, tourner, virer, vous allonger, vous relever, vous accroupir, sans cesse… C’est à ce prix-là que vous pourrez aller chercher la matière de vos rêves…
Je remercie par là-même les organisateurs des festivals de Béthune Rétro (Béthune, France), Riverside Crazy Car Hop (Calafell, Espagne), Rock’n’Cars (Lavaur, France), Nicole’n’Roll (Nicole, France), Good Rocking Tonight (Attignat, France), Tonnerre Mécanique (St Sulpice, France), Réal’croche (Réalmont, France), American Day (Tournefeuille, France) et mes amis de Blackhands, ainsi que les propriétaires des véhicules photographiés, tous ses passionnés sans qui ces photos n’existeraient pas…