… petites chroniques de l’hérésie artistique, by Eric LaGuarda…
L’hérésie du jour consistera à dézinguer l’idée reçue que le SIRET est la preuve absolue du professionnalisme d’un photographe.
Les rappels qui sont là pour fâcher…
Métier (photographe par exemple)
- Profession caractérisée par une spécificité exigeant un apprentissage, de l’expérience, etc., et entrant dans un cadre légal.
- Habileté technique que procurent la pratique, l’expérience d’une activité
- Qui exerce régulièrement une profession, un métier, par opposition à amateur.
- Qui exerce une activité de manière très compétente.
On en conclut donc que les notions d’apprentissage, d’expérience, d’habileté technique et de compétence font partie du bagage du professionnel.
Je cherche un professionnel…
Vous voulez des photos qui immortalisent votre mariage, la réunion de votre petite famille, votre véhicule flambant neuf …
Vous souhaitez lancer votre activité commerciale par une série de clichés qui claquent…
Vous désirez apprendre la photo, recevoir des conseils adaptés qui vous permettent de réaliser vos rêves…
Cela fait des jours ou des mois que vous résistez aux assauts de votre cousin, celui qui s’est acheté un vrai appareil photo, mais qui est encore moins doué que votre grand-mère quand elle vous défie à Mortal Kombat.
Il VEUT absolument vous faire ces photos pour rien, ou presque rien. Vous NON, même s’il était prêt à payer pour ça.
Parce que vous voulez simplement que vos photos soient réussies, qu’elles claquent et que tout le monde en soit content et fier, vous le premier.
Vous décidez donc de vous tourner vers un professionnel… Pages jaunes, Facebook, moteur de recherche… et hop, surgit du néant un photographe avec un beau numéro de SIRET. Parfait. C’est bien la preuve qu’il est professionnel et qu’on peut lui faire confiance, non ?
SIRET tout puissant… ou presque
Déclarer à qui veut bien l’entendre que l’on exerce le métier de photographe, c’est une chose.
Disposer du statut conforme à l’exercice de ce métier, c’en est une autre.
Posséder expérience, habileté technique et compétence nécessaires à la pratique de la photographie professionnelle, c’est encore une autre histoire.
Pour mémoire, le numéro de SIRET est un identifiant d’établissement. L’établissement est une unité géographiquement individualisée qui produit des biens ou des services.
La structure d’un établissement va de la société à l’association, en passant par les structures individuelles d’auto-entrepreneur, photographe auteur, reporter-photographe…
Obtenir un numéro de SIRET est devenu très facile depuis la création du statut d’auto-entrepreneur (devenu micro-entreteneur depuis). Un statut simple, et rapide de mise en oeuvre et qui, une fois déposé, permet d’obtenir son numéro de SIRET sous 48 heures.
Malheureusement, produire un numéro de SIRET n’est pas un gage de professionnalisme…
Aïe, désolé de remettre ainsi en cause les tables de la loi, faites de ce marbre derrière lequel certains se sentent tellement en sécurité, mais…
… encore faut-il que l’activité de l’établissement soit en rapport avec la photographie…
Eh oui, certains photographes qui se présentent comme professionnels brandissent le SIRET de structures individuelles de formation ou de commerce de détail.
Eh non, une société de vente de pièces détachées d’automobiles ne peut pas ouvrir de restaurant… et c’est pareil pour les activités de photographie…
… encore faut-il que le photographe professionnel puisse justifier d’un cursus d’apprentissage, d’une expérience, d’une maîtrise technique et de compétence dans le domaine où il exerce…
Vous l’avez compris, la formation, les réalisations et la qualité du travail fourni vont permettre de savoir si oui ou non, un photographe est un vrai professionnel. Il est extrêmement facile de créer une micro-entreprise, et d’obtenir un numéro de SIRET rutilant d’or et de lumière. Un ordinateur, un réflex entrée de gamme et deux projecteurs halogènes plus tard, et voilà un parfait inconnu devenu professionnel.
Et la photo dans tout ça ? On parle de celle qu’il va sortir en mode automatique avec traitement instagram à la clé, en expliquant au client qu’il ne trouvera pas mieux sur le marché à ce prix-là, c’est ça une photo professionnelle ?
Et, euh, j’en conclus quoi, de tout ça ?
Le SIRET n’est qu’un point de contrôle nécessaire dans la recherche d’un professionnel. Voici les étapes que je vous conseille :
- Je trouve un professionnel, peu importe comment (recommandation, recherche, publicité…)
- Je récupère ses coordonnées complètes – Nom / Adresse / SIRET -, et je vérifie qu’elles sont bien valides et qu’elles correspondent bien à une activité de photographe
- Je regarde son expérience professionnelle (formation, nombre d’années de pratique, emplois occupés…)
- Je regarde la qualité de sa production photo. A cette occasion, je n’hésite pas à comparer avec d’autres photographes. Ce que l’on trouvait génial hier, devient parfois banal, voire mauvais, une fois que l’on a gouté à de très belles photos.
Et le prix, là-dedans ? C’est le truc que vous regarderez en dernier. Une fois que vous aurez sélectionné les vrais photographes qui correspondent à votre projet, vous trouverez celui qui rentre le mieux dans votre budget.
Eric LaGuarda, il fait rien que dézinguer la profession…
Comment dire… Je ne dézingue pas la profession, je dézingue (en tout bien tout honneur évidemment) ceux qui vendent des photos pourries ou médiocres en faisant passer ça pour du travail de pro. Parce que s’il y a quelqu’un qui dézingue la profession, c’est bien ce genre d’individu.
Ah oui, dans d’autres articles, je dézinguerai également ceux qui se font passer pour des photographes afin de pouvoir reluquer l’intimité des modèles.. Vous voyez bien que je ne tape pas toujours sur les mêmes.